25 mai 2013, Médiathèque de l'Institut Français

 

Après mon malaise, j'ai poursuivi mes recherches sur Prost, l'architecte-urbaniste. Sa première intervention à Istanbul date de 1905. Elle avait pour but de restaurer Sainte Sophie, l'église devenue mosquée. Mais le manque de fonds a coupé court au projet. L'architecte s'est alors chargé de réaménager des villes marocaines sur un modèle occidental. Puis, en 1932, on lui a confié la réorganisation de la région parisienne. Il revient en Turquie quatre ans plus tard afin de « remodeler » l'ancienne Constantinople. A ce sujet, l'urbaniste écrit qu'il ne s'agissait pas de « créer une ville nouvelle, mais d’orienter une antique capitale en pleine évolution sociale vers un avenir où la mécanique et peut-être le nivellement des fortunes allaient transformer les conditions d’existence » (cité dans G. QUERRIENI, Istanbul, Portrait d'une ville, 2010). Il faut donc repenser, en premier lieu, les axes de circulation dans la ville. Abandonné en 1951, le plan est remis à l'ordre du jour par le gouvernement actuel.

 

Concernant la place Taksim, elle a accueilli pendant longtemps une caserne militaire appelée Halil Paşa, Topçu Kışlası ou encore Taksim Kışlası (à cette occasion, j'ai aussi appris qu'en turc, le "ş" se prononce "ch" et le "ç" "tch", sans oublier leur fameux "ı" sans point dont je vous ai déjà parlé !). En 1921, la caserne laisse place au premier stade de football turc. En 1940, le stade est détruit. Le réaménagement de la place est confié à Prost. Il décide de décomposer l'espace en quatre ensembles : la place, la terrasse, l'esplanade et le parc. Le tout est conçu pour fournir aux stambouliotes une large zone de promenade bordée d'équipements culturels. Premier parc établi après la proclamation de la République de Turquie, Gezi-Taksim devient alors le symbole du nouveau régime.