









10 janvier 2013, Auberge de jeunesse
Voici ce que j'ai appris sur l'histoire de l'Alhambra durant la visite guidée. Pour être sûre d'avoir bien tout compris, j'ai même demandé au conférencier de m'accorder quelques instants autour d'un verre. Bref, voilà ce que j'en ai retenu :
L'histoire de la construction de l'Alhambra est indissociable de celle du royaume de Grenade. En 1237, un chef de guerre nasride, Muhammad Ibn al-Ahmar dit « le Vermeil », profite de la dislocation de l'empire almohade pour s'emparer de la région de Grenade. Il y établit son palais : l'Alhambra. Il est bientôt reconnu émir par le roi de Castille, moyennant tribut et vassalité. Son gouvernement est calqué sur l'ex-califat omeyyade.
Je ne connaissais pas bien le califat omeyyade, j'ai posé quelques questions supplémentaires. L'émir, appelé « sultan » ou « prince des musulmans », exerce le pouvoir. Un hadjib (chambellan) ou, le plus souvent, un vizir (premier ministre) l'accompagnent. Un cadi, juge du droit islamique, encadre chaque circonscription du royaume. Le peuplement de l'émirat rassemble descendants d'Arabes, de Berbères et de muwalladun (chrétiens convertis à l'Islam), immigrés maghrébins, réfugiés musulmans issus des régions reconquises, juifs persécutés par la Castille et l'Aragon, ou encore marchands et captifs chrétiens. Le royaume compte ainsi environ 300 000 habitants à la fin du XVe siècle.
Cependant, l'émirat doit faire face à plusieurs difficultés. L'absence de règles de succession provoque de fréquentes insurrections et conjurations. De plus, la guerre qu'il mène contre la Castille et les Mérinides de Fèz pour la conquête du détroit de Gibraltar l'épuise financièrement.
Les règnes de Yusuf Ier et de son fils, Muhammad V, apaisent la situation. Une trêve est signée avec la Castille. Cette période de paix permet aux souverains d'agrandir et d'achever l'Alhambra. Appelée « citadelle rouge » en référence à al-Ahmar et à la couleur de ses murs de briques et de pisé, cette ville-palais s'étend sur une plate-forme de 720 m de long sur 220 m de large. A l'instar des autres ville-palais de l'Islam, elle est à la fois un symbole de pouvoir et un lieu d'agrément. Le soleil joue avec ses colonnes et ses bassins, magnifiant les couleurs vives des jardins et des azulejos (carreaux de faïence décorés). Beaucoup de voyageurs d'antan la qualifient « d'éblouissante ».
J'avais un peu de mal à comprendre : si l'émirat était aussi brillant, pourquoi s'était-il écroulé ? Le conférencier m'a aussitôt répondu :
« Hélas, après la mort de Muhammad V, les querelles dynastiques reprennent de plus belle ! En 1406, la Castille rompt la trêve. Elle menace l'émirat aux frontières. En 1469, Ferdinand d'Aragon épouse Isabelle de Castille. Les deux royaumes se renforcent mutuellement, de sorte que la chute de Grenade n'est plus qu'une question de temps. Les Rois catholiques déclenchent l'offensive en 1483. Ils conquièrent Malaga en 1487, Almeria en 1489 et enfin Grenade en 1492. C'est pour symboliser cette « reconquête » chrétienne de l'Espagne, que Charles Quint (petit-fils d'Isabelle et de Ferdinand) fait construire son propre palais dans l'enceinte même de l'Alhambra. »


Carte des cinq royaumes de l'Alhambra 1276 - 1483
Gustave de Beaucorps, Vue générale de l'Alhambra, 1858.
Source : BnF


Pour en savoir plus, vous pouvez consulter :
-
B. FOULON, E. TIXIER DU MESNIL, Al-Andalus. Anthologie, Paris, Garnier-Flammarion, 2009, 480 pages.
-
D. MENJOT, Les Espagnes médiévales 409 – 1474, Paris, Hachette, 2000, 238 pages.
-
R. ARIE, L'Espagne musulmane au temps des Nasrides, Paris, PUF, 1990, 528 pages.
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